Bertrand Derel: Sculptures

De mes recherches sur les Peinture/Objet impliquant une pratique d’atelier plus engagée et plus conséquente, a surgi un désir plus manifeste envers les matériaux et les volumes.

Bien que à l’origine mes problématiques étaient du coté de la peinture, j’ai pris conscience de l’enjeu sculptural de mon travail. Dans ce souci de dématérialiser la peinture, j’ai voulu faire dialoguer deux questionnement ; comment faire de la peinture sans peinture ou plutôt comment préserver la veine de la peinture sans utiliser ses éléments historiques (châssis, toile, peinture, etc.)?

Cela m’a amené involontairement à créer des objets qui se situaient dans des domaines incertains. Selon des critères classiques, je n’arrivais plus à qualifier certaines de mes œuvres surtout en ce qui concerne mes Peintures/Objets et mes Portraits. Ce n'était fondamental dans mon travail mais j’ai ressenti le besoin de clarifier ce point. La question n’était pas de savoir si ces objets étaient dans le cadre de la peinture ou le moule de la sculpture mais d’assumer un choix pour faire évoluer ma façon de travailler.
En assumant le coté sculptural de mon travail, j’ai pu enrichir mon travail en ne me restreignant pas à un seul champs d’investigation ; j’ai ouvert mon approche à des thématiques que je pensais sans cohérence avec mes recherches précédentes. Concrètement cette ouverture s’est située dans le geste et le rapport physique qu’imposent les matériaux mais aussi dans un rapport plus sensuel et moins mental.
La sculpture m’a appris à libérer mes sens, à concevoir mes œuvre de manière à ce quelle soit plus tactile. Je me suis laissé aller à toucher les choses, à les sentir plus que de les conceptualiser. Il était important pour moi d’éprouver les matériaux et il me paraissait essentiel de traduire ces sensations physiques dans le résultat de mes œuvres ; donner envie de toucher, de provoquer une sorte de frottement réciproque. En ajoutant cette dimension tactile à mes œuvres, cela engendra des objets se rattachant ni vraiment à la sculpture ni vraiment à la peinture. Bien que je nomme ces travaux « sculptures », ils font en réalités parties de territoires qui s’interpénètrent.